Les Cévennes sont un pays de granit et de schiste situé en bordure méridionale du Massif Central et sur le versant méditerranéen, entre les sources de l’Ardèche et de l’Hérault.
Nature belle et rebelle, farouche et généreuse tout à la fois, dont le paysage rasé fût entièrement redessiné par la main de l’homme qui y créa bancels, faysses, accoles : terrasses aménagées pour la culture de la vigne, des mûriers et des céréales. Et ceci avec un habitat tantôt de schiste, tantôt de granit, couvert de lauzes, qui se confond dans l’environnement.
Ce fût le pays des Camisards. Les Huguenots des Cévennes portaient la chemise blanche la nuit en signe de reconnaissance d’où le nom « Camisard ».
Le relief accidenté, les montagnes et les vallées impénétrables mais familières, sont des abris naturels où se tiennent des assemblées secrètes… Quelques noms de chefs camisards : Roland, Jean Cavalier, mais aussi de martyre : Marie Durand. A Mialet, au Mas Soubeyran, le Musée du Désert retrace cette partie de l’Histoire des Cévennes.
Sur les versants : Châtaignier, majestueux et fier « L’arbre à pain du Cévenol ». Les châtaignes, assurèrent la subsistance quotidienne des montagnards : tout était utilise. Les feuilles servaient de fourrage aux moutons et aux chèvres, de litière aux porcs… Le bois était employé à la fabrication des charpentes, meubles et tonneaux. Les châtaignes étaient tantôt séchées dans les clades, consommées sous formes de soupe « le bajanat », tantôt fraîches et grillées « l’affachado ».
Le châtaignier a régressé au profit du chêne vert, du pin maritime et en altitude du chêne blanc et du hêtre. Quelques rares mûriers sont encore accrochés aux « bancels » (bandes de terrain aménagées sur sols pentus).
Autrefois très répandu, le mûrier, arbre importé d’Orient par les Croisés au XIII ème siècle, fit la prospérité des Cévennes. Il fût à ce titre surnommé « l’arbre d’or ».
On élevait les vers à soie pour le ver à soie on ne parle pas d’élevage mais d’éducation ! dans les magnaneries mot qui vient de « magnan » le ver à soie en occitan. Ces chenilles voraces avaient besoin d’une très grande quantité de feuilles de mûrier pour parvenir à l’âge adulte avant de monter sur des branches de bruyère pour faire leur cocon. Après avoir tué le chrysalide dans l’eau bouillante, on dévidait le précieux fil de soie dans les filatures.
Les fils synthétiques, la maladie du ver et l’abandon de la soie naturelle provoquèrent le déclin de la sériciculture cévenole. Le Musée de la Soie à St Hippolyte du Fort et la Magnanerie de La Roque à Sainte Croix Vallée Française retracent son épopée.
R.L.Stevenson, jeune écossais, auteur de « L’Île au Trésor » décida de traverser les Cévennes en 1878.
D’abord randonneur solitaire, curieux de l’histoire de ses frères de religion, puis accompagné de Modestine, une ânesse pleine de caractère et de courage, il parcourut : Le Velay, Le Gévaudan, Le Mont Lozère puis le coeur des Cévennes… Son carnet de route, intitulé « Voyage avec un âne dans les Cévennes », inspire de nombreux randonneurs, qui effectuent scrupuleusement le même parcours.
Au XIXème siècle et jusqu’au début du XXéme comme en témoignent les anciens, une population assez dense occupait la majeure partie du territoire.
Une grande partie de la grande faune avait été éliminée. Mais aujourd’hui le renouveau des forêts et l’étendue des landes laissées en friches ont recréé un habitat favorable pour les sangliers, cerfs, chevreuils, mouflons. Les vautours fauves ont retrouvé les gorges du Tarn et de la Jonte, et les castors, les eaux des rivières. Eux aussi font partie du patrimoine.
Sur des crêtes, entre Saint-Jean-du-Gard et le Mt Lozère sont des «drailles » : Passage utilisé par les troupeaux pendant la transhumance de printemps vers « l’estive ». et pour le retour à l’automne vers la plaine
Du sommet de l’Aigoual à celui de Lozère, le spectacle est permanent et grandiose. Un souffle vivifiant aère les forêts profondes et les gorges escarpées. Les ruisseaux, de chutes en cascades, sont prétextes à autant de haltes bienfaisantes aux pieds des randonneurs.
Pays de caractère, façonné par des hommes de caractère pour qui le partage de leurs savoir-faire est devenu source de richesse. L’atout majeur des Cévennes est sans doute l’attirance que suscite sa nature généreuse. Pourtant le patrimoine cévenol est tout aussi attachant. L’architecture, au service du quotidien et de l’utile le plus souvent, est un modèle d’intégration dans le paysage. Petits ponts, chapelles, terrasses, escaliers, toitures reflètent l’âme du pays et font de la Voie Régordane un véritable chemin de tolérance.